Jean MERCIER,  charpentier-couvreur,

L'ENTREPRISE,

          En 1947, Roger Mercier qui  travaillait à  Langeais, s'installe à son compte à Louans. Jean, dit « Jeannot » est né l'année précédente, et dans les années 60-63, il fait son apprentissage chez son père avant d'aller parfaire sa formation à l'École supérieure de couverture d'Angers, d'où il sort diplômé en 1965.

        Lors de ses séjours à Montreux, en Suisse, il découvre une région bien différente de la Touraine, un autre type d'habitat et il gardera des rapports suivis avec Georges Linsig chez qui il a alors travaillé au cours des années 65 à 75.

        Il  reprend l'entreprise en août 1976 mais ne reste seul que quelques mois et engage Gatien (qui est toujours là) et progressivement l'entreprise se développe ; elle engage (par ordre alphabétique), Alain, Cédric, Daniel, Jacques, Jonathan et José. Elle fait ainsi travailler aujourd'hui en deux équipes la plupart du temps, 6 ouvriers et un apprenti. Son activité s'étend sur un rayon de 50 km , elle est qualifiée CIP Patrimoine

LE MÉTIER.

        Pour Jean Mercier, sa clientèle est suffisante et, en général, il ne répond pas aux appels d'offres qui n'émanent pas de ses clients habituels parmi lesquels on trouve par exemple, certaines communes limitrophes.

        Très soucieux de conserver la valeur du patrimoine architectural de sa région, il est très attaché aux conditions dans lesquelles sont mises en oeuvre les restaurations qui représentent 90 % du travail. D'abord à l'écoute du client, il s'imprègne ensuite du village, du style des maisons avoisinantes, de l'orientation de l'habitation, de son exposition aux intempéries ( pluie, vent , soleil) ; son intérêt le conduit même à dispenser des conseils pour la maçonnerie qui supportera sa toiture, à s'assurer que les murs seront recouverts de chaux et non de ciment, que tout cela soit fait si possible à une époque favorable... Il propose alors un ensemble qui lui paraît respectueux de l'environnement et adapté à chaque cas - même si cette proposition entraîne souvent des frais plus élevés et qu'une  discussion doit s'engager.

        Jean Mercier suit régulièrement des formations (patrimoine, bien entendu, mais aussi techniques nouvelles : maisons à Haute Qualité Environnementale, ossature bois, charpente décorative intérieure, murs de paille et tous matériaux « écologiques »). Il est adhérent aux « Maisons Paysannes de France » (association qui, pour sa restauration, s'intéresse au patrimoine des pays : Tel : 02 47 94 52 30 ); il est responsable du patrimoine de pays à la CAPEB (chambre artisanale des petites entreprises du bâtiment).

        Les charpentes , aujourd'hui, sont en résineux (épicéas, sapins) à 80% le reste est en chêne, on n'utilise plus de peuplier ( qui était au contraire très employé auparavant ) et très peu de châtaignier.

        À Louans, les couvertures sont en majorité en ardoise naturelle que l'on choisit dans trois qualités, bien codifiées, selon leur épaisseur, leur origine (qui influe sur leur composition :  tous les schistes n'ayant pas la même résistance aux intempéries) mais en allant vers le sud, dès Manthelan, la tuile devient plus fréquente.

        Le fibro actuel, qui n'a plus d'amiante, a l'inconvénient de perdre plus ou moins rapidement sa couleur (...5 ans ...) selon sa qualité, son exposition et la pente du toit. Les lichens viennent ensuite lui apporter une seconde patine avec une modification de l'aspect et de la texture de sa surface. Les bacs-acier et les plaques fibro sont utilisés pour les hangars.

        Avant toute restauration ou construction nouvelle, il convient de s'adresser à la Mairie pour prendre connaissance du plan d'occupation des sols et à la DDE pour savoir ce qui est permis ou non ( la proximité d'un site classé peut apporter des contraintes supplémentaires variables parfois très strictes si par exemple, la construction apparaît toujours dans la vue principale du site ...)...

LE TRAVAIL

        Les conditions de travail évoluent vite et l'entreprise dispose aujourd'hui de moyens qui aident le charpentier-couvreur dans ses travaux pénibles ou répétitifs : dans l'atelier, de toutes nouvelles machines transforment le bois en charpente ( scie circulaire, à ruban, raboteuse, toupie ...), le chargement du camion se fait au moyen d'un bras hydraulique et sur le chantier, c'est un élévateur télescopique qui apporte les matériaux lourds au niveau de l'ouvrier. Celui-ci utilise sur place de nombreuses machines portatives : visseuses, clouteuses....

        Il reste que le charpentier est soumis aux intempéries, que la pluie froide est toujours désagréable, qu'elle rend les toitures glissantes – même si les conditions de sécurité sont sans cesse améliorées – que le vent interdit parfois le montage des charpentes... mais d'après  jean Mercier, un des principaux problèmes tient au peu de considération dont souffrent les métiers du bâtiment en général. C'est très tôt qu'il conviendrait de présenter ces métiers , dits manuels, aux jeunes générations, dès 7 ou 8 ans, et non à 16 ans, après plusieurs échecs scolaires, en présentant alors l'apprentissage chez l'artisan voisin comme un pis aller ou comme une commodité, puisqu'il n'est pas très loin et qu'on peut y aller en mobylette......

        Il y a là tout un travail de longue haleine de revalorisation de certains métiers porteurs d'avenir car par rapport à bien des emplois actuels, le charpentier couvreur  a un métier, il a le plaisir de voir le résultat du travail collectif auquel il a participé....

Chantal Vinerier et Denis Launay,

( avec l'accord de Jean Mercier).

Bibliographie et périodiques recommandés par Jean Mercier :

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Maisons écologiques d'aujourd'hui

(périodique Éditions Terre vivante, domaine de Raud 38710 Mens)

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Le journal du bois

( en kiosque)

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Rêves de cabanes

(aux éditions Les jardins de la Brande . Fouleix)

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Etc.

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